Lutte contre le changement climatique, la sécurité alimentaire et le développement communautaire en Guinée
Aborder les problèmes interdépendants du changement climatique, assurer la sécurité alimentaire et favoriser le développement communautaire en Guinée-Bissau.
La restauration des mangroves aide à protéger les villages du changement climatique.
Le projet TRI en Guinée-Bissau a donné la priorité à la création de solutions intégrées qui répondent aux défis combinés du changement climatique, de la sécurité alimentaire et du développement communautaire.
Les forêts de mangroves chevauchent la terre et la mer, protégeant les communautés des ondes de tempête, fournissant des pépinières pour la faune et les ressources naturelles, et créant des frontières importantes pour les zones. La plupart des villages inclus dans le projet TRI Guinée-Bissau (appelés "Arroz e Mangal" ou "Riz et Mangroves") sont au milieu de ces forêts de mangroves. Ainsi, les communautés se déplacent généralement en barque et tirent une grande partie de leurs ressources des mangroves. Cependant, ces dernières années, en raison de l'élévation du niveau de la mer et des effets cumulatifs du changement climatique, et même avec la présence de mangroves, l'eau de mer a eu un impact sur les communautés en pénétrant dans les maisons. Pour protéger leurs moyens de subsistance – en particulier les rizières – les hommes construisent des digues toujours plus hautes. De telles digues créent cependant des solutions à court terme, car les tubes (fabriqués à partir de troncs de palmiers) qui drainent les rizières ne sont plus assez grands lorsque les niveaux d'eau deviennent extrêmement élevés et que les pluies deviennent parfois violentes. De plus, les tubes des troncs de palmiers ne sont pas assez étanches lorsque la pluie tombe et l'eau doit être retenue dans les rizières. Ces agriculteurs sont en première ligne dans la lutte contre le changement climatique.
Il y a plus à l'image cependant. Les jeunes membres de la communauté ont choisi de quitter leurs villages dans l'espoir de trouver un emploi ou des opportunités de loisirs dans les zones urbaines. Cependant, lorsque le travail des anciens et des membres restants de la communauté ne suffit plus, la conséquence inévitable est l'abandon des rizières.
Les femmes sont incroyablement importantes dans les communautés; ils s'occupent non seulement du travail domestique et de la gestion du ménage, mais sont également actifs dans la gestion des ressources : repiquage des plants dans les rizières où ils se rendent par pirogue, récolte ou battage du grain, puisage d'eau douce (ce qui peut prendre 5 à 6 heures de pirogue -rangées), ramassant du bois mort dans les forêts de mangroves et entretenant des jardins de cultures vivrières.
Dans des conditions aussi agitées, comment présenter la restauration des mangroves aux membres des communautés locales comme une priorité ? Dans quels termes doit être trouvé le nécessaire équilibre entre les objectifs de résilience à long terme et les besoins immédiats des habitants ? Compte tenu de ces éléments importants, le projet TRI en Guinée-Bissau, à partir de 2019, a donné la priorité à la construction de solutions intégrées qui répondent à ces différentes dimensions.
Dans cette optique, un diagnostic participatif du territoire local a été élaboré, à partir d'images aériennes de drones. Après la surprise initiale de contempler leur espace à vol d'oiseau, l'équipe du projet et les membres de la communauté locale ont travaillé ensemble pour identifier les rizières d'importance stratégique pour leur sécurité, ainsi que celles qui pourraient être reconverties en écosystèmes de mangrove, évoquant ainsi le sujet de la restauration des mangroves. Un long processus de planification territoriale et de prospective a permis de résoudre à la fois la réhabilitation des rizières et la restauration des mangroves. Parallèlement, le projet s'est concentré sur les besoins spécifiques des femmes, pour qui les solutions identifiées visaient à la fois à les soulager du travail tout en réduisant la pression sur les ressources.
Le projet propose une solution négociée avec les communautés des sites identifiés, pour d'abord faire un diagnostic participatif des rizières en culture et de celles qui ont été abandonnées. Avec ces rizières abandonnées, le projet propose la régénération naturelle assistée, ou la plantation de mangroves, pour pouvoir créer efficacement une ceinture de protection pour ces rizières. – Rui Daniel Barbosa de Andrade, coordinateur du projet TRI
Les actions priorisées par et pour les femmes se sont traduites par une réduction de la pression sur le bois à travers la construction de foyers améliorés en argile pour la cuisson des aliments, ainsi que le développement de la production de sel solaire, qui soulage la tâche épuisante de la collecte du bois de feu et du sel de cuisine. L'expérimentation et la formation en ostréiculture ont ouvert des perspectives intéressantes en réduisant la pression sur les huîtres sauvages. L'installation de six décortiqueuses de riz a également eu un impact en épargnant aux femmes l'effort de piler le riz, tout comme la mise à disposition de pirogues motorisées a facilité leurs déplacements pour l'eau potable et l'accès aux marchés locaux. Enfin, la création de jardins potagers a eu pour effet d'améliorer la qualité de l'alimentation des familles tout en générant des revenus supplémentaires.
Le projet appuiera les communautés avec des activités génératrices de revenus pour permettre une amélioration de leurs conditions de vie, mais aussi pour alléger les conditions de travail, notamment des femmes, qui participent activement à la production de riz. – Rui Daniel Barbosa de Andrade, coordinateur du projet TRI
L'expérience confirme l'intérêt d'aborder ces différentes composantes de manière intégrée : le projet répond ainsi aux défis du changement climatique, de la sécurité alimentaire et du développement communautaire. Les témoignages recueillis montrent que le projet TRI Guinée-Bissau contribue à dynamiser et à renforcer la résilience de la population dans un contexte de changement climatique qui représente des défis considérables.
[Les femmes cultivent] des aubergines, des jagatu, des tomates, de la laitue et du poivron... pour les revendre au port. Nous sommes satisfaits du projet, pour que je puisse payer l'école de mes enfants. – Sugunda Isnaba, village Enxudé
Pour s'appuyer sur ce succès, en 2022, la Plateforme nationale de coordination pour la restauration a été créée. Cette plateforme a pour mission de coordonner les initiatives liées aux mangroves et notamment de : 1) favoriser l'échange et le partage entre institutions, organisations et personnes concernées par la situation des mangroves en Guinée-Bissau ; 2) promouvoir les activités liées à ses domaines d'intervention ; et 3) formuler des recommandations pour la gestion durable de l'écosystème et de ses ressources. Les membres de la plateforme comprennent des membres de droit et des membres invités. Cela se poursuivra en 2023 en 1) réalisant un exercice ROAM pour identifier les opportunités de restauration des mangroves ; 2) créer une base de données des actions de restauration des mangroves au niveau national ; 3) formuler une proposition de loi sur la conservation des mangroves ; et 4) élaborer une stratégie nationale de restauration des mangroves.
Cette histoire est tirée du TRI Year in Review 2022
Aider les communautés locales à inverser le cours des forêts de mangroves dégradées en Guinée-Bissau
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